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Comlive
17 mai 2007

NOUVELLE N°4

Je suis un suzerain sans ses vassaux, un condamné privé de sa dernière cigarette, un cardinal sombrant dans l'apostasie. Je suis un homme en train de perdre la vie.

Moi qui venais tout juste d'être oint par les huiles démocratiques, me voilà fraichement fauché par une bande d'ignards tout juste capables d'apprendre et réciter des discours préconçus en guise de paliatif réflexif... Pour en venir à cet ultime geste de désespoir, il fallait vraiment avoir la peur au ventre. Cette peur qui arrache les tripes, qui donne cette sensation d'éventration intérieure, lente et douloureuse. Cette peur dont l'unique remède est la suppression de l'objet de terreur. Il faut dire que je les comprends. On m'a fait passer pour une horrible malédiction ascétique, un fantasme ordalique, un judas venant trahir les siens. Je n'aspirais pourtant pas à cela. Qui détenait la vérité ? Peu importe, l'Histoire ne nous donnera jamais raison.


Je suis désormais étalé sur le bord de la route en train de me vider de tout mon sang. Je ne sais pas qui des vers ou des charognards auront raison en premier de mon cadavre.

Et merde, je dois être profondément atteint pour me poser ce genre de questions. Il faut que je me ressaisisse, que je ne sombre pas dans le fatum, je dois résister et trouver un intérêt devant cette nouvelle condition qui m'attend. Voilà c’est ça. A défaut de pouvoir jouir parmi les vivants, je dois me réjouir de partir au summum de mon apogée. Telle une météorite Gebienne, j’aurais au moins eu la satisfaction d’avoir frappé cette énorme masse de systèmes mémoriels. Désormais, à moi la canonisation, l’ataraxie et la frime post-mortem.


Tiens, mais ne serait-ce pas Dante et Virgil que j’aperçois au loin ? 

Je suis un suzerain sans ses vassaux, un condamné sans sa dernière cigarette, un cardinal sombrant dans l'apostasie. Je suis un homme qui vient de perdre la vie.

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